Aller au contenu

Toulouse : Les musées et l’audiodescription

Onze guides et conservateurs de musées d’art Toulousains ont été formés à une technique de description des oeuvres pour le public malvoyant.

Certaines personnes malvoyantes identifient au toucher des détails que les voyants ne peuvent pas percevoir. "L’audiodescription permet d’aller beaucoup plus loin dans l’approche des oeuvres. Certaines personnes aveugles identifient au toucher des détails que nous, voyants, ne pourrions même pas percevoir!", s’étonne encore Evelyne Ugaglia, conservateur au musée Saint- Raymond de Toulouse, près d’un an après sa formation à cette technique.

Cinq autres musées municipaux ont formé dix autres guides, conférenciers et conservateurs: musées des Augustins (peintures et sculptures du Moyen Age au XXe siècle), Paul-Dupuy (arts décoratifs et arts graphiques), Georges-Labit (arts asiatiques) et des Abattoirs (art contemporain).

Une formation de deux jours leur a été dispensée (un jour de cours théoriques et deux demi-journées en situation) en 2005. L'objectif était de permettre aux personnes malvoyantes ou non voyantes d’accéder à la même émotion que les autres visiteurs de ces musées. Au programme: exercices de diction, rudiments narratifs, analyse et interprétation du message visuel, détermination des éléments pertinents de l’information, recherches d’équivalences de valeurs émotives, etc. "On se doit d’être extrêmement précis dans le vocabulaire employé et très concret".

La sensibilité, les acquis culturels, mais aussi la nature de la cécité des visiteurs doivent être pris en compte par le conférencier. Les aveugles de naissance, par exemple, à la différence des non-voyants tardifs, n’ont pas la notion des couleurs et des formes. Mais, parce qu’"ils ont toujours "les oreilles qui traînent", ils développent d’autres sens et captent beaucoup d’éléments de notre univers visuel". De plus, les visiteurs malvoyants ou non voyants ont le droit de toucher les oeuvres s’ils le souhaitent. Ils n’ont cependant pas tous une éducation culturelle au toucher. Il faut donc veiller à ce qu’ils reconnaissent ce qui a été décrit.

En France, seule Maryvonne Simoneau, maître de conférences à l’ Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs de la Sorbonne, enseigne cette technique, inspirée de la lecture de films. La ville de Toulouse
est par ailleurs la première collectivité à l’avoir proposée. Et ce n’est pas un hasard. Depuis 1994, un comité extramunicipal des personnes handicapées, réunissant une quarantaine d’associations, permet à la municipalité toulousaine de débattre, avec les personnes concernées, de ses grands projets. Lors de ces réunions, une forte demande d’accessibilité aux musées toulousains était apparue. Depuis 1999, plusieurs d’entre eux ont été rénovés, mais l’accessibilité ne se résume pas au seul fait de pouvoir entrer dans le bâtiment. Il faut être capable d’accueillir les personnes handicapées, mais aussi de leur proposer des activités spécifiques. La ville a décidé de répondre à cette demande des associations de personnes non voyantes. Depuis décembre 2005, les cinq musées proposent une programmation de visites régulières sur des thèmes variés.

Intiateurs :
Les associations du comité extramunicipal des personnes handicapées de la ville de Toulouse.

Budget :
La formation a coûté 5 500 euros.

Financement :
La municipalité a financé le projet, dans le cadre de la formation des employés municipaux.

Contact :
Mairie de Toulouse
Claire Combarieu :
tél. : 05 61 22 29 22.